Le Bouddhisme Ch’an

Le bouddhisme Ch’an, mieux connu en Occident sous le nom japonais de Zen, est l’un des courants appartenant au bouddhisme Mahayana (Grand Véhicule); selon la tradition, il fut divulgué en Chine au VIè siècle ap.J.-C. par le moine Bodhidarma (appelé Ta Mo par les chinois).

Cette forme de bouddhisme ne peut être définie ni comme une religion ni comme une philosophie ou un courant de pensée, mais uniquement comme une Voie qui permet d’atteindre la véritable compréhension de soi-même et du monde. Elle a eu une énorme influence sur les arts martiaux traditionnels.

Le Bouddhisme Ch’an enseigne que l’on ne peut arriver à « l’éveil » (« l’illumination »), qu’à travers la concentration et la méditation, et non par la connaissance, la pensée ou le raisonnement. Pendant la médiation il faut faire le vide complet en soi-même, faire taire la voix incessante de l’esprit, effacer toute pensée ou préoccupation. Il est important d’apprendre à se détacher des choses, de son propre corps, des émotions et des passions. Le stade le plus difficile est, enfin, d’arriver à se détacher de son « moi ».

Mais l’esprit ne doit pas « dormir », il doit être conscient de sa propre inconscience. C’est ainsi qu’il devient un esprit « impertubable ». Grâce au détachement, on annule le pouvoir que les choses, les passions et les émotions ont sur nous, et on entre en contact, entièrement, avec la vraie réalité. L’esprit devient comme un miroir: il est parfaitement lucide, présent, et reflète tout ce qui l’entoure sans que les pensées puissent interférer. On pourra agir alors en toute liberté et avec tout son être.

Dans la pratique des arts martiaux on peut ainsi parvenir à cet état de réceptivité totale qui permet de réagir instinctivement et de façon correcte au moindre stimulus. Si l’esprit est libéré de toute pensée, sans agressivité ni peur, il est facile de percevoir les intentions de l’adversaire et d’agir en conséquence. Il n’y a alors aucune barrière entre la perception et la réaction, et le résultat technique est « parfait ».

Les techniques « parfaites » sont toujours inconscientes: elles sont exécutées avant d’être pensées.

Enfin, selon les idéaux de non-violence du bouddhisme Ch’an, conformément aux idéaux taoïstes, le but des arts martiaux ne doit pas être l’élimination de l’adversaire mais l’autodéfense.